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Le gainage postural (2ème partie)

 

Comme nous l’avons vu, la semaine dernière, la qualité de la posture chez l’homme dépend de l’entente entre ses différents systèmes. Plus l’environnement est complexe et plus son système postural sera mis à mal. Comme nous l’avons également vu, ce système est réparti sur l’ensemble du corps, partant du bas jusqu’en haut, avec différents capteurs (voûte plantaire, oreille interne, œil, terminaisons nerveuses, …).

Quels sont les muscles qui constituent ce système postural et comment travaillent-ils ? Et quels sont leurs implications dans le geste sportif et dans la vie de tous les jours ?

 

 

Tout d’abord il faut savoir que la posture est une science qui n’a pas toujours intéressé les chercheurs. Les premières études, uniquement basées sur le déséquilibre et le dérèglement de la station debout, ont commencé il y a un peu plus de trente ans. Même si dans les années 1955 et 1956 certaines recherches émettaient déjà des hypothèses dans ce sens. Jusque là, seuls les neurologues et les podologues avaient travaillé sur le sujet, mais uniquement dans leur domaine.

On s’est aperçu que certaines positions développaient des problèmes sur la posture et du coup pouvaient entraîner des douleurs. Les recherches se sont ensuite portées sur les causes de ces douleurs. Un constat a été fait que plusieurs systèmes étaient en relation et que les déficiences pouvaient venir d’un déséquilibre de l’un d’entre eux. Il fallait donc trouver des protocoles pour soigner et prévenir les douleurs venant de ces déséquilibres, la posturologie faisait son apparition. D’abord dans le milieu médical, elle s’est ensuite implantée dans le monde du sport. Avec cet apport de connaissances dans la gestuelle et les pathologies liées aux contraintes des activités, elle a contribué à l’évolution de certaines disciplines.

 

Avec ce nouvel outil à la disposition des encadrants sportifs, ils ont à présent, un moyen supplémentaire de dépister les causes de faiblesses ou de blessures récurrentes. C’est également un moyen d’accélérer le retour à l’activité après un arrêt. Mais, en préventif, c’est surtout la possibilité de former des athlètes plus compétitifs avec un meilleur équilibre, sur le plan musculaire, articulaire (angles des mouvements optimisés), tendineux, et avec une réponse du système nerveux plus fine et plus rapide.

D’où l’intérêt d’avoir une politique de renforcement postural dans les séances sportives, notamment vers le jeune publique. D’autant que ce travail spécifique est compatible avec celui de l’activité et qu’il ne présente pas de difficulté particulière dans sa mise en place. Plus tôt et plus vite les déficiences posturales seront gommées, effacées et plus vite les gestes techniques qui mobilisent beaucoup d’apprentissages seront acquis, tout en évitant les blessures.

 

Sur le plan musculaire il y aurait une trentaine de muscles en relation avec la posture. La majorité d’entre eux se situent en profondeur puis sur les plans postérieurs et pour permettre l’équilibre certains se trouvent à l’avant du corps. On peut nommer entre autre et dans le désordre, les muscles de la voûte plantaire, postérieurs de la jambe (mollets), du dos, du cou, les intervertébraux, du plancher pelvien, les cuisses (quadriceps), la sangle abdominale, ….

L’image qu’on doit avoir en tête, c’est celle du mât d’un bateau avec ses haubans. Si l’un d’entre eux se détend le mât penche de l’autre côté. Même chose à l’inverse, si l’un des haubans reste en tension. C’est ce qui se passe avec les muscles, les jambes et la colonne vertébrale. Si un sportif maintient un déséquilibre postural, celui-ci s’amplifie et au-delà des douleurs qui pourraient s’installer, c’est également une déperdition de force qui accompagne la gestuelle de notre sportif.

 

Prenons deux exemples que tout le monde a en mémoire et qui ont marqué l’histoire du football français. La reprise de volée de Z. ZIDANE en finale de Champions-League et celle de B. PAVARD en Coupe du monde 2018.

Lorsque l’on revoit les images et l’inclinaison des deux corps. On pourrai se demander comment ils ont été capable de frapper aussi fort dans la balle, malgré leur déséquilibre. Certes le talent, la répétition du geste, les entraînements spécifiques, etc, ont permis une telle réussite gestuelle. Mais je ne peux que penser que leur système postural ait joué un rôle important dans la bonne exécution de ces deux actions.

Tout au long de la réalisation du geste, le cerveau a été soumis à une quantité d’analyses concernant les éléments externes mais surtout internes. Pour qu’au moment fatidique, le corps se trouve parfaitement aligné, équilibré, dans la position idéale, uniquement pour ce geste et pas un autre. De manière à ce que toutes les forces en action envoient l’énergie maximum nécessaire dans ce ballon pour qu’il finisse sa course là où on sait. Cette accumulation de rattrapage de l’équilibre suite à tous les déséquilibres et paramètres parasitaires, qu’on nomme aussi compensation, ne peut être régulée que par le système postural dans son ensemble.

 (Si vous souhaitez jeter un œil sur les photos de ces deux actions : Z. ZIDANE. et B. PAVARD, droits réservés aux auteurs de ces articles.)

 

L’importance du renforcement postural n’est plus à démontrer, le monde médico-sportif s’en est déjà chargé. L’intérêt de l’utilisation du gainage a également fait ses preuves, vu le nombre de sites, d’ouvrages mais surtout de recherches dans ce sens. Si le monde sportif a profité de la posturologie, l’accélération de l’évolution de cette dernière vient sans aucun doute du sport.

Et ce qui est valable pour un athlète l’est tout autant pour un sédentaire. C’est pourquoi je ne peux que vous conseiller de trouver un posturologue et de faire un bilan. Que vous ayez une pratique sportive plus ou moins régulière ou non. Et peut-être que votre problème de dos, de cou ou autre, que vous avez du mal à soigner, trouvera son origine dans une faiblesse de la cuisse, une hyper-laxité de la cheville, ou un muscle de la hanche qui reste en tension permanente. Dernièrement quelqu’un a dit que la santé n’avait pas de prix, alors quoi qu’il en coûte, faîte un bilan postural dès que possible.

 

La semaine prochaine pour être plus concret, nous aborderons une série d’exercices simples à faire à la maison, sans ou avec peu de matériels, pour sportif et non sportif de tous âges.

 

 

Pour cette semaine nous continuons avec trois exercices de gainage supplémentaires. Le premier demande un petit ajout de matériel.

 

Atelier 1- Position sur le ventre, les bras tendus devant vous au dessus du sol, une petite bouteille d’eau dans chaque main (ou une grande dans les deux, ou un petit poids, 500g/1kg max), les jambes tendues et décollées du sol, sans tension dans le cou, maintenir la position en appuis sur le bassin sans bouger, 3 fois 1 minute avec 30 secondes de repos entre chaque série.

 

 

Atelier 2- Position sur le côté, en appui sur une main ou sur un coude (si la position est inconfortable), à l’extrémité le pied sur la tranche, le corps est droit, exécuter 15 mouvements de hanche vers le haut, faire 3 séries avec 30 secondes de repos entre chaque série.

 

 

 

Atelier 3- Position pompe, 4 appuis, les mains sous la ligne des épaules, le corps droit, pas de tension dans le cou, exécuter 3 tours dans un sens en déplaçant un pied puis l’autre et 3 tours dans l’autre sens, tout en gardant le dos aligné et le corps droit, faire 3 séries avec 30 secondes de repos entre chaque série.